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Beg Rohu 2000

Les fondamentaux, c'est fondamental

Par Maurice Coquerel

Le métier d'entraîneur est difficile, le métier d'entraîneur des fireballistes relève de l'exploit. Car si tous sont d'accord avec le titre qui précède cette trop longue diatribe, les difficultés commencent dès que l'on cherche à mettre en œuvre cet aphorisme. En fait, les approbations à l'adresse de votre serviteur quand il l'a sentencieusement prononcé dans cette longue séance de diebriefing dans une salle d'un bistrot assez fonctionnel, les chopes de bière remplaçant efficacement la video, c'est que , comme dans l'auberge espagnol, chacun y trouvait son bonheur.

Tous les barreurs, bien entendu, qui, avec indulgence, tenant compte de l'épuisement consécutif à une recherche intellectuelle trop intense, m'ont fait l'amitié de ne pas souligner qu'il s'agissait d'un néologisme, certes brillant mais un peu rapide, la formule exacte devant être "Les fondements, c'est fondamental". Toute personne ayant barré pendant trois jours, cinq à six heures un fireball ne peut être que d'accord avec cette affirmation que, foin de pédantisme , dans leur langage viril, les barreurs résument par un douloureux "J'ai mal au cul". Bien entendu, Nanette avec la délicatesse de son sexe prononce "J'ai le postérieur légèrement endolori"., Vinciane Borsenberger, représentait également courageusement la gente féminine mais avec la rigueur qui caractérise cet équipage, la répartition des poids étant optimisée, Venciane équipait, et c'est son père qui avait mal au fondement comme les autres.

Les équipiers, eux, se retrouvaient sur le précepte suivant "T 'es bien gentil, avec tes enchaînements de maneuvres mais il faut un temps pour tout. Comment veux-tu en moins de temps qu'il en faut à Kojack pour se faire une raie au milieu, que je me décroche, que je rentre, que je passe de l'autre coté sans m'emmêler les pieds dans le bout de réglage de la dérive, que je me raccroche et que je ressorte et que bien entendu le foc il doit pas faseyer pendant que je me cogne partout dans le bateau !!!! et puis cela n'est rien comparé avec les problèmes de l'empannage avec des tangons de toutes sortes, automatiques, manuels, semi-automatique, voir australiens, et des fois bleus et des fois d'une autre couleur. Et bien entendu, tout ça au milieu d'autres bateaux dans la même panade, et à tourner autour de bouées toujours trop proches". La révolte grondait. D'urgence à l'instigation d'Etienne et de Ludovic une séance de travail a été organisée le deuxième jour.

Nous avions renoncé à l'apport pédagogique de la bière car un des "fondamentaux" de cette dernière c'est que si la veille elle délie les langues, le lendemain elle serre la tête. J'ai déjà eu l'occasion de souligner l'approche artistique du Fireball par Ludovic Collin, la poésie de son accastillage au National de Notre Dame nous avait tous boulversé. Mais ce soir là, Ludovic, avec sa modestie coutumière, nous a démontré que là où nous développons que mouvements patauds ou rapidité fonctionnelle, il fallait voir chorégraphie, mouvements gracieux et synthèse entre la bourrée bretonne, le twist et le Rock N Roll. Il est difficile d'en dire plus, il fallait être là. L'art n'est souvent qu'un instant fugitif et d'éternité.

La traditionnelle scission entre barreurs et équipiers a été transcendée quand a été abordé le délicat problème de l'empannage dans la piaule. Déjà, il fallut se mettre d'accord sur la définition de piaule, les approches variant selon le poids de l'équipage (et encore les Fouassier étaient absents) et les capacités techniques. Enfin tous furent d'accord pour dire que la piaule c'est quand il y a de la baston. Cet accord fragile, vola en éclats quand fut abordé le délicat problème des réglages de barber-hauler de spy. Rien de spécial à dire jusqu'à force 2 à 3 mais au delà, certains mirent en évidence des perfectionnements subtils mais indispensables surtout avec des vagues pas toujours amicales. Ludovic Collin, toujours magistral au tableau, résuma sa pensée, en disant que l'essentiel, dans ces conditions, est surtout de ne pas dessaler et qu'en l'occurrence "le fondamental" est, surtout d'être bien vent arrière et de choisir une bonne vague pour profiter de la vitesse; tout le reste paraissant d'un niveau philosophique trop élevé pour un artiste comme lui. A ce propos si quelqu'un peut récupérer le fire qui avant d'empanner attend toujours "la bonne vague …", heureusement pour nous que les vents dominants sont d'ouest.

La flotte se fragmenta alors en deux paquets les subtils d'une part, les partisans de la survie d'autre part. Au milieu Fred Le Bas hésitait, victime d'un système impitoyable de sélection pour former les groupes chaque matin, la sagesse et son expérience le poussaient à rallier les seconds mais son désir de progresser l'attirait vers les premiers. Heureusement le dernier jour en rentrant le premier dans la baston il prouva à tous que raison il savait garder. 

Entre les réunions et les bistrots, trois belles journées de navigation bien ventées, un excellent moment dans un endroit toujours aussi magique avec 12 équipages présents et deux entraîneurs, Mathieu et Sébastien, qu'il convient de remercier pour nous avoir supportés.

A part ça il a fait beau et les absents ont eu tort

STAGE A L'ECOLE NATIONALE DE VOILE DE BEG ROHU

12 EQUIPAGES PRESENTS

Jean et Vinciane BORSENBERGER 
Philippe BIHOREAU et Nicolas KRIZEK
Christophe HUTIN et Mathieu BASTIN
Alain DAGUET et Philippe BRUN
Eric ROBERT et Etienne PORTELANCE
Violaine et Frédéric LE BAS et  Nicolas SCHEDEICKER
Hervé LEFEVRE et Patrick MULET
Maurice COQUEREL et Etienne RECAMIER
Anne et Eric LANGE BERTEAU
Ludovic ALLEAUME et Etienne PERDON
Marc BOURGEOIS et Nicolas PATRICE
Ludovic COLLIN et Yves LAUTRIDOU