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BALL_RED_MID2.gif (1113 octets) Le foc

Avant d'aborder les réglages du foc à proprement parler, il me parait important de faire un petit rappel purement technique de la manière dont est coupée l'attaque, afin de mieux comprendre la manière de régler cette voile.

Le guindant de foc est établi sur un câble qui est rarement parfaitement rectiligne. Sous la pression du vent, le câble prend ce que l'on appelle du dévers, qui varie en fonction de la force du vent.

Plus le dévers est prononcé, plus l'attaque du foc se creuse ou s'arrondit. Inversement, plus le dévers est faible, plus l'attaque du foc s'affine ou s'aplatit.

Afin de tenir compte de ce dévers, le voilier ne trace pas le guindant du foc tout droit, mais au contraire, le trace de manière incurvée vers l'intérieur. On parle alors de "négatif de guindant". Ce négatif est plus ou moins prononcé suivant les différents types de foc, et peut varier de 0 à 6 cm.

Par conséquent, la tension du câble de guindant (appelée draille de foc) et plus simplement de la drisse de foc ne sera pas la même suivant l'importance du négatif de foc.

La connaissance de ce fameux négatif est assez fondamentale pour déterminer la tension de drisse de foc à utiliser en navigation.

En effet, prenons un foc dont le guindant est coupé avec un minimum de négatif (par exemple 1,5 cm). Selon le principe énoncé plus haut, il devra être établi avec un minimum de dévers de guindant, donc avec vraisemblablement beaucoup de tension de drisse de foc. Sur ce genre de voile, si le dévers est trop important, l'attaque se creuse exagérément, donc le le creux avance et la chute ouvre trop. Concrètement, cela engendre une perte en cap (attaque trop ronde) et une instabilité de l'assiette latérale du bateau (soit on prend le bateau "sur la gueule", soit il gîte trop). En clair, pas très bonne vitesse, surtout dans le médium-brise.

Prenons maintenant un foc coupé avec beaucoup de négatif (par exemple 6 cm). Celui-ci doit être établi avec beaucoup plus de dévers de guindant, donc avec moins de tension de drisse de foc. Contrairement au cas précédent, un manque de dévers de guindant a pour effet d'aplatir exagérément l'attaque du foc, et donc de reculer le creux vers la chute et de la faire se fermer. Concrètement, une attaque trop fine devient extrêmement difficile à barrer (au contraire d'une attaque plus ronde, beaucoup plus tolérante) dans le petit temps avec clapot. En plus la chute a tendance à refermer, ce qui est le contraire de ce que l'on recherche dans le petit temps.

Les focs avec beaucoup de négatif sont souvent très performants dans le médium et dans la brise, dès que le dévers de guindant est suffisant. L'inconvénient de ce type de foc vient généralement de leur difficulté d'utilisation dans le petit temps. En effet, la solution pour ce type de foc est de relacher beaucoup de tension de drisse de foc pour obtenir du dévers (impossible à obtenir dans le tout petit temps, la draille restant rectiligne) mais l'inconvénient est que sans tension de drisse, le mât ne cintre pas assez pour résorber le rond de guindant de GV afin d'ouvrir la chute de GV. C'est un problème difficilement soluble, sauf à précintrer le mât artificiellement (béquille). En reveanche, ce genre de foc est généralemnt plus soule d'utilisation lorsque le vent monte, avec une certaine autorégulation de l'ensemble du gréement du fait d'une moindre tension de celui-ci.

La tendance actuelle, et ceci depuis plusieurs années sous l'influence des voiles américaines, est de limiter le négatif de foc, voire quelquefois de le supprimer complètement.

On obtient en général des focs plus polyvalents et plus faciles d'utilisation pour le régatier moyen puisque la tension de drisse de foc est assez élevée et pratiquement la même quelle que soient les conditions. On remarquera d'ailleurs l'évolution significative de l'accastillage des bateaux : la drisse de foc n'est plus spécialement un réglage très accessible en navigation.

En revanche, les focs avec beaucoup de négatif exigent une grande finesse, et une grande rapidité sur le réglage de drisse, surtout lorsque le vent faiblit, ce qui les rend plus délicats d'utilisation.

Gardez toujours en tête ces principes, cela vous évitera de passer à côté des réglages de base de votre foc.

Un conseil pratique pour visualiser votre dévers de guindant de foc : garder toujours votre étai (celui qui ne fait que retenir le mât au repos) bien tendu avec un sandow. Avec l'habitude, cela deviendra votre meilleur indicateur de dévers, et donc de la tension de votre gréement.


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